Est-il nécessaire d’augmenter l’âge légal de départ à la retraite ?

Un passage à 65 ans, même prévu sur une décade, aurait un effet mécanique sur l’annulation de la décote qui passerait de 67 à 70 ans pour l’obtention du taux plein.  Les carrières hachées (qui n’ont pas tous leurs trimestres) seraient directement impactées comme cela a été le cas pour la réforme de 2010 portant l’âge légal de 60 à 62 ans et une annulation de la décote à 67 ans. Ce système toucherait avant tout les carrières non linéaires, donc les plus précaires de nos concitoyens.

S’agissant de l’âge de départ, le Conseil d’orientation des retraites (COR) observe que les personnes partent naturellement de plus en plus tard pour arriver en 2040 à un âge moyen de 64 ans. En outre, la loi de 2014 permet d’augmenter le nombre de trimestres pour atteindre 43 ans en 2035, ce qui contribuerait là aussi, selon le COR, à l’équilibre du système sans besoin de réforme.

Le déficit du régime général, relativement faible puisqu’il s’élève à 0,9% du budget global (soit 3 milliards sur 325), est la principale raison de la réforme. Les caisses complémentaires, en revanche, sont excédentaires, de même que les fonds de réserve (caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades), fond de réserve pour les retraites (FRR), caisses complémentaires (Agirc Arco) abondées à hauteur de 130 milliards d’euros et qui continueront à l’être. 

La solution pourrait consister à piocher dans ces fonds de réserves mais aussi faire évoluer les régimes spéciaux pour un système plus égalitaire. En matière de retraite, la solidarité doit aussi fonctionner, notamment pour les carrières longues, heurtées ou pénibles.