Un des enjeux essentiels de notre époque, si ce n’est le principal, est l’enjeu climatique et environnemental. Le Groupe International d’Expert du Climat (GIEC), qui a sorti le dernier volet de son rapport en avril dernier, est unanime : il est urgent de mettre en place des mesures afin de réduire notre empreinte carbone et notre impact sur la biodiversité. L’empreinte carbone (ajout des émissions liées aux importations, retranchement de celles liées aux exportations) d’un français est en moyenne de 11,2 tonnes de CO2 équivalent par an (1)
Celle-ci est stable depuis 2005, alors que nos émissions nettes ont baissé. Ceci est essentiellement dû à la délocalisation de nos industries à l’étranger : en effet, nos émissions importées représentent plus de la moitié de l’empreinte carbone de la France (57 %environ). (3).
L’empreinte carbone d’un français d’origine énergétique uniquement est de 6,9 tonnes de CO2 équivalent par an contre 5,7 tonnes pour un Chinois, 0,8 tonne pour un Cambodgien, mais 8,1 tonnes pour un Russe, 18 tonnes pour un Américain et même 18,9 tonnes pour un Saoudien ! La moyenne de l’Europe est 7,8 tonnes de CO2 équivalent par personne et par an (1)
La France est donc exemplaire pour un pays développé, mais nos efforts ne doivent pas s’arrêter là : nous devons montrer l’exemple à la communauté internationale, et faire de notre pays un leader de la transition écologique.
À titre indicatif, les accords de Paris sur le climat nécessitent que chaque Terrien émette, à partir d’aujourd’hui, entre 1,6 tonnes de CO2 (hypothèse basse) et 2,8 tonnes de CO2 (hypothèse haute) équivalent par an, afin de limiter la hausse de température globale à 2°C d’ici à 2100. Les effets irrémédiables du changement climatique sont décrits dans le deuxième volet du rapport du GIEC : réduction de la disponibilité des ressources en eau et en nourriture (notamment dans les pays d’Afrique et d’Asie), épisodes de sécheresse accrus, disparition d’une partie de la faune et de la flore (par exemple les barrières de coraux), fonte des glaciers et augmentation du niveau de la mer, effets en cascade aggravant le réchauffement climatique (feux de forêt, fonte du pergélisol (ou permafrost) provoquant la libération de milliards de tonnes de CO2 et de méthane…).
Plus de trois milliards d’habitants vivent dans des régions très vulnérables au changement climatique et devront probablement migrer dans des régions moins vulnérables.
Nos sociétés modernes se sont bâties, à partir de la révolution industrielle et au cours du XXème siècle, sur l’utilisation croissante des énergies fossiles (charbon – gaz – pétrole), représentant encore aujourd’hui plus de 60% (2) de notre mix énergétique national. Elles ont promu un mode de production toujours croissant, répondant à une demande de forte consommation. Aujourd’hui, nous constatons les limites de ce système : les énergies fossiles, une fois utilisées, émettent du CO 2, principal gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique et nous rendent dépendant des pays producteurs. Nos modes de consommation nous poussent à user les ressources planétaires (eau, sols, métaux…) et à sectoriser les lieux de production (parfois à l’autre bout du monde).
Des changements dans nos modes de production, notre système, nos modes de vies doivent être effectués. Tous les citoyens quels qu’ils soient, ouvriers, agriculteurs, artisans, scientifiques, médecins, artistes, commerçants, politiques, doivent réfléchir sur le monde de demain. De nombreux travaux ont été réalisés comme le rapport RTE sorti en novembre 2021, proposant différentes orientations pour le mix énergétique français, ou encore le livre du Shift Project décrivant le Plan de Transformation de l’Economie Française (PTEF). Ces derniers proposent un ensemble de mesures acceptables par secteurs émetteurs de gaz à effet de serre, en s’appuyant sur des technologies existantes, tout en garantissant un emploi pour tous. Ils s’appuient sur deux notions, la sobriété et l’efficacité énergétique et ont un objectif de faire baisser les émissions de 5% par an.
Dans la suite, quelques chiffres liés aux émissions du territoire sont donnés. Mais il ne faut pas oublier que la plus grande partie de l’empreinte carbone de la France provient des émissions importées. Ces dernières dépendent donc principalement des modes de production des pays exportateurs, mais le consommateur français a aussi un rôle à jouer : il peut décider ou non d’acheter un produit provenant de l’extérieur du pays. Bien sûr, la maitrise d’industries de produits de première nécessité est nécessaire : cela doit passer par la réimplantation de certaines usines sur le territoire national.
Le secteur du transport en France représente la part la plus importante des émissions de GES* du pays, soit environ 29% (3). Près de 95% des émissions de GES* de ce secteur sont émis par les
véhicules routiers (voitures – utilitaires – camions), dont 53% par les véhicules particuliers (hors utilitaires). Une mesure de sobriété serait la mobilité à vélo, en transports en commun, ou bien avec un véhicule léger si les premières solutions ne sont pas possibles pour l’individu concerné (par exemple une petite voiture). Le problème des voitures actuelles n’est pas tant le moyen de traction énergétique employé (électrique ou thermique), mais le poids du véhicule (transporter un individu seul de 80kg dans un véhicule de plus de 1,5 tonnes est de moins en moins envisageable : cela signifie que 95% de l’énergie est utilisée pour déplacer le véhicule seul et non l’individu).
La traction électrique reste pertinente dans des pays comme la France ayant un mix électrique décarboné. Pour les longues distances, privilégier le train à la place de l’avion (les campagnes de la SNCF vont dans ce sens : le train émet 80 fois moins de CO 2 que l’avion !). Pour le fret, il est essentiel de recourir à la logique du circuit-court.
Vient après les secteurs de l’agriculture, de l’industrie et du résidentiel-tertiaire. Ces trois secteurs représentent chacun environ 17% (3) des émissions de GES* de la France. Les sources principales d’émissions du secteur agricole sont le méthane (CH4) émis par les animaux et le protoxyde d’azote (N2O), lié à la transformation de produits azotés. Des mesures comme la réduction du gaspillage ou
de la consommation de viande peuvent être adoptées. Les émissions du résidentiel-tertiaire sont notamment dues au chauffage. Il faut soutenir le passage du chauffage fioul ou gaz à des modes de chauffage plus efficace, comme l’utilisation de la pompe à chaleur et isoler davantage les bâtiments.
Les émissions de l’industrie manufacturière proviennent pour la plupart des secteurs de la métallurgie, de la chimie ou de la fabrication de minéraux non métalliques (ciment, chaux, verres…).
Les efforts à faire dans ce secteur peuvent venir de nouveaux procédés technologiques qui réduiront les émissions de GES* durant la production, mais peuvent aussi se baser sur la logique de « produire moins mais mieux », tout en revalorisant les déchets.
Enfin, l’énergie est la force motrice de notre société. Si on veut se passer d’énergie fossile, il faudra mettre en place un parc de production d’électricité bas carbone (même si la meilleure des énergies, c’est celle qu’on ne consomme pas). La France part avec un avantage important dans ce défi grâce notamment à son parc nucléaire et ses barrages hydrauliques. Cependant, les besoins en électricité vont augmenter dans les années à venir (notamment pour remplacer le fossile). Le parc nucléaire actuel, dont la plupart des réacteurs ont été construit dans les années 80, devient vieillissant. De nouveaux moyens de productions, comme les énergies renouvelables, doivent rapidement être mis en place, et les recherches sur la 4 ème génération de réacteurs nucléaires doivent se poursuivre (cette génération devrait permettre la valorisation d’une partie des déchets et d’une partie du combustible non utilisé à ce jour).
Au-delà du réchauffement climatique, d’autres soucis de pollution sont avérés. L’extraction de métaux rares et de terres rares (en Chine et en Afrique essentiellement), métaux essentiels aux nouvelles technologies, pollue les sols et les eaux lors de leur traitement par des composés chimiques.
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